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de l’évêché est fort belle. Elle est placée tout entière dans l’église d’un ancien couvent, et renferme vingt-cinq mille volumes dont quelques uns ont fait partie, dit-on, de la célèbre bibliothèque du roi Mathias. C’est le comte Battyáni, dernier évêque de Carlsbourg, qui l’a fondée, ainsi que l’observatoire. Il y a là des antiquités romaines, entre autres quatre bas-reliefs mithriaques, des médailles curieuses, et une fort belle collection de manuscrits du moyen âge. On montre un superbe manuscrit des évangiles dont les images et les lettres ornées sont admirables. La plupart ont été faits à Bude. Plusieurs portent à la première page l’écusson fleurdelisé à côté des armes de Hongrie : ils datent des princes français.

Dans une chapelle latérale de l’église Saint-Michel on voit sur le sol une pierre carrée, longue, dont l’inscription est un peu effacée, et sur laquelle est grossièrement représenté un personnage revêtu des habits de prêtre. C’est le tombeau du cardinal Martinuzzi. Il est remarquable qu’une même enceinte renferme aujourd’hui ses restes et ceux d’Isabelle. Cette tombe modeste, que n’eût pas pressentie le puissant cardinal, lui fut accordée par grâce : son corps resta deux mois entiers dépouillé et sanglant dans la chambre même où il avait été assassiné.

Terrible vicissitude ! ce fut au moment où il venait de prendre Lippa sur les Turcs, au moment où Ju-