Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

placé des vestales romaines. Sur le côté une porte gothique sculptée avec art se cache dans la terre. L’intérieur de l’église a été blanchi, et on a placé dans le chœur des colonnes torses avec de gros soleils en cuivre. Mais, telle qu’elle est aujourd’hui, la cathédrale de Carlsbourg constate ce fait que, si les Hongrois avaient eu le loisir d’honorer Dieu autrement que par leur valeur, si les champs de bataille où ils arrêtaient les infidèles n’avaient pas été leurs seules églises, l’art, dans ce pays, se serait ressenti du contact des deux civilisations sur les limites desquelles la Hongrie se trouvait placée, et eût été tout à la fois gothique et byzantin.

Cette église était la sépulture des vayvodes et des princes de Transylvanie. Il y aurait là de curieuses études à faire si leurs statues eussent été conservées ; mais dans l’année 1601 l’église Saint-Michel fut saccagée par les Impériaux, les Valaques et les Haiduques révoltés. Plus tard, quand les catholiques et les protestants se disputèrent la possession de la cathédrale, chaque parti proscrivit à son tour les dépouilles et les images des princes qui avaient professé la foi contraire. Dans ces assauts de vandalisme et de sacrilège le tombeau du grand Hunyade n’a pas été épargné. Il est vide. C’est un simple cercueil de pierre. Sur les côtés sont sculptés des bas-reliefs. La pierre qui le recouvre porte une statue couchée dont les jambes sont brisées. Le héros est placé dans un manteau, revêtu de l’attila boutonnée sur