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vers et contre tous, frappe l’air de son sabre dans les quatre sens. Le roi Marie-Thérèse, qui sut si bien captiver les Hongrois, franchit la colline royale au galop, l’épée à la main, aux applaudissements enthousiastes des magnats qui l’escortaient.

De Presbourg à Gran, le Danube arrose des rives plates et basses. Des îles vertes, à demi-inondées, surgissent du sein de cette immense nappe d’eau. On passe devant Komorn, ville forte bâtie par Mathias Corvin ; on aperçoit de loin en loin un clocher qui se dresse à l’horizon et signale la présence d’un village. Le fleuve tourne brusquement à Gran, et, par l’effet de la courbe qu’il décrit, il prend un développement tel, que l’on croit voir son embouchure. Peu à peu apparaissent des montagnes boisées dont les dernières ondulations viennent mourir près du rivage. Des files de moulins attachés les uns aux autres occupent le milieu du Danube. Des paysans hongrois revêtus de leur costume flottant s’approchent du bord, arrêtent leurs montures et vous regardent passer. De nombreux troupeaux de bœufs blancs aux cornes formidables sont couchés près du fleuve, ou le traversent à la nage pour chercher un pâturage nouveau. Çà et là est une petite église ou une cabane de pâtre perdue entre les rochers. Des débris de forteresses féodales se reflètent dans les eaux du fleuve : on remarque entre autres ces ruines romantiques, consacrées par la légende, qui portent le nom