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devant l’église grecque. Des statues romaines sont placées en guise de bornes aux coins des rues.

Toute la vallée de l’Ompoly, jusqu’à Sárd, était couverte de ruines romaines : on présume qu’il y avait là un aqueduc. Un château était situé non loin de là, à Tótfalu, qui fut construit avec les débris des monuments romains ; dans les mauvais jours les paysans y portaient leur avoir. Mais les Tatars ont fort simplifié les études des savants. Carlsbourg a été plusieurs fois détruite, et il ne reste que peu de vestiges de son antiquité.

L’Italien Roggeri a fait une description de cette ville lors de la terrible invasion des Tatars en 1241. « Huit jours après notre sortie de la forêt, nous arrivons à la ville de Fejérvár ;… nous n’y trouvons qu’ossements et têtes coupées…, les murs abattus des palais et des églises sont teints, hélas ! de sang chrétien ; et bien que la terre nous dérobe la vue de ce sang innocent, qu’elle avait bu déjà, les pierres rougies se montrent à nous, au milieu desquelles, si vite que nous passions, nous poussons de profonds soupirs et de continuels gémissements… »

Les habitants de cette ville malheureuse se lassèrent de rebâtir leurs maisons : ils s’abritèrent sous des huttes faites à la hâte, et il fallut que la diète de 1618 ordonnât à chacun de construire des habitations « dignes de la résidence d’un prince », sous peine d’amende et de confiscation. Si on en croit la tradition, la ville romaine a