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ments ne se fussent enracinés dans le cœur des Valaques : que ce peuple dépossédé par les Hongrois eût repoussé à jamais toute idée de fraternité avec la race victorieuse dont il est resté séparé, et qui le convie aujourd’hui. J’acquis la certitude que le clergé ne nourrissait pas cette haine nationale, si long-temps héréditaire chez les paysans. Il accepte les événements ; il reconnaît que le peuple hongrois, qui domine ce pays depuis mille ans, ne peut plus l’abandonner. Il comptera avec lui, et, en vue de l’avenir, réclamera son concours.

Ces sentiments sont particulièrement ceux du clergé uni. L’autre portion du clergé grec, qui n’échappe pas aux influences étrangères, n’a pas encore adopté ces idées nouvelles. Un parti valaque s’est formé dans le midi de la Transylvanie, dont l’organe est la Gazetta de Transsilvania, qui se publie depuis 1838 à Cronstadt. Aux yeux de ceux qui composent cette faction, les Hongrois sont des hôtes incommodes, qui sont venus porter le trouble dans la patrie ; des étrangers usurpateurs, qui sont aux Valaques ce que les Turcs sont aux raïas. Ceux-là ne s’aperçoivent pas que, pour être trop patriotes, ils deviennent en définitive mauvais citoyens. C’est ce que les Valaques éclairés leur répètent en répondant à la feuille de Cronstadt dans les journaux de Clausenbourg[1].

  1. Si ces faits trouvaient quelque part un contradicteur,