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Transylvanie, pour les soustraire à toute influence extérieure. L’empereur Léopold crut atteindre ce but plus sûrement en leur faisant accepter le culte uni, qui avait déjà rattaché à l’Église romaine plusieurs millions de Polonais. Le 26 juin 1698 une partie du clergé grec accepta le catholicisme. L’empereur accordait aux prêtres plusieurs privilèges, celui, entre autres, de désigner les trois candidats entre lesquels il devait choisir l’évêque. Toutefois un grand nombre de popes refusèrent d’abandonner le schisme, et il fallut conserver un évêque non uni, qui reçut pour résidence la ville d’Hermannstadt. Certaines particularités, dont quelques unes ont presque un sens politique, ont accru la distance qui sépara dès l’origine les deux églises. Ainsi, tandis que les grecs purs conservent les lettres cyrilliennes, qui les rapprochent des Slaves, les grecs unis ont adopté, avec l’orthographe italienne, les lettres latines.

Bien qu’une réaction se soit opérée vers 1760, on calcule que depuis Léopold plus de six cent mille Valaques ont embrassé le culte uni. Le nombre des convertis augmente chaque jour, car le travail ne se ralentit pas, tandis que dans un empire voisin le tzar Nicolas, secondé par les dragonnades, impose la religion grecque aux paysans de Pologne. C’est un fait curieux à signaler que cette lutte occulte de la Russie et de l’Autriche, qui, sans se l’avouer, se préparent à une guerre terrible.