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lennel, le peuple valaque, qui hier encore était serf, ne peut être que le dernier venu. C’est à la voix de son clergé qu’il se mettra en mouvement. Il suivra ceux en qui il a foi depuis tant de siècles, et qui ne l’ont jamais abandonné. J’avais donc un désir légitime de visiter Balásfalva. Ce n’était pas une excursion motivée par une vaine curiosité : j’allais juger à la fois la tête et le cœur d’une nation.

Rappelons ici que la moitié des Grecs de Transylvanie ont conservé le schisme pur ; le reste a embrassé un semi-catholicisme qui, dans la pensée des papes, devait amener la réunion des deux églises grecque et latine, et que l’on appelle le culte grec uni. Les Grecs unis communient avec le pain sans levain, reconnaissent que le Saint-Esprit procède du père et du fils, croient à l’existence du purgatoire, et, ce qui est de plus grande importance, admettent la suprématie du pape. Ils ont conservé du culte primitif le rit, la discipline et jusqu’au calendrier. On ne connaît pas assez, parmi nous, le travail religieux qui s’opère parmi les populations de l’Europe orientale. On ne sait pas de quel prestige est entourée l’autorité du tzar, chez lequel réside une puissance double.

Dès le 17e siècle, le prince George I Rákótzi avait fait traduire en langue valaque les livres sacrés, qui jusque alors étaient écrits en vieux slavon. On raconte qu’il avait formé le projet de convertir au calvinisme les grecs de