Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Carlsbourg, les dédommagea en leur concédant des domaines considérables. L’évêché ne possède pas moins de sept villages ; mais ses revenus suffisent à peine aux dépenses qui lui sont imposées. Trois cents élèves pauvres, qu’il doit pour la plupart nourrir, sont admis à Balásfalva, et l’entretien des quatorze cents paroisses répandues dans le pays est à sa charge.

Entre l’aristocratie hongroise, qui conquit le sol par son épée, et les colons saxons, qui s’enrichissaient par le commerce, les Vainques de Transylvanie, sont toujours restés un peuple paysan. Pour eux nul progrès, nul développement. Lorsque l’un d’eux s’élevait au dessus des autres, il prenait rang parmi la nation conquérante, et se faisait Hongrois. Aussi s’habituent-ils à regarder les popes comme leurs chefs naturels. Les popes vivaient parmi eux, labouraient comme eux, parlaient leur langue, étaient de leur race : ils devinrent l’objet de la vénération populaire. Le clergé comprit admirablement son rôle et l’accepta. Regardez ce paysan aux longs cheveux qui sort de sa chaumière : il ôte lentement son chapeau parce qu’il voit passer la voiture d’un magnat, mais il fera un détour pour aller baiser la main de son prêtre.

À l’heure présente, les habitants de la Hongrie et de la Transylvanie, arrêtés long-temps par des guerres sanglantes dans la voie de la civilisation, s’agitent et marchent vers un avenir meilleur. Dans ce réveil so-