Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sèrent jamais s’approcher d’Enyed ; et aujourd’hui encore les habitants de cette ville célèbrent par des jeûnes et des prières l’anniversaire du siège. Le dimanche des Rameaux, en souvenir de 1704, est également un jour consacré. Au reste, on comprend que les traditions se conservent dans ce pays : car les lieux, qui ne changent pas d’aspect, perpétuent la mémoire du passé. Sur la grande place d’Enyed on voit le fort garni de bastions qui protégea les assiégés ; la vieille église qu’ils dépouillèrent pour toucher les Turcs est encore debout, et cette masse noire, qui se détache sur les murs neufs du collége, en face des témoignages de l’activité moderne, rappelle les malheurs des derniers siècles.

Si l’on étudie à Enyed le mouvement intellectuel qui s’opère présentement chez les Hongrois de Transylvanie, l’on peut apprécier non loin de là, à Balásfalva, le travail analogue qui s’accomplit parmi les Valaques. C’est à Balásfalva que réside l’évêque du culte grec uni, et que se trouve le meilleur ou plutôt le seul collége qui appartienne à cette communion. Les popes valaques vous diront avec sang-froid que l’évêché de Balásfalva a été fondé par Justinien, sous prétexte que cet empereur avait établi un évêque en Dacie. Les prélats grecs habitèrent d’abord Fagaras, et perdirent leurs biens sous le gouvernement des princes protestants. Au siècle dernier, l’empereur Charles VI, qui détruisit, pour élever sa citadelle, une église qu’ils possédaient à