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Mais il n’est pas surprenant qu’il en soit ainsi dans un pays où vivent des sympathies françaises, et où les idées de liberté préoccupent vivement les hommes généreux. Au moment où s’ouvrait la dernière Diète, j’ai entendu notre air national chanté dans les rues de Presbourg, aux portes de l’Autriche. Dans l’année 1810, quand la guerre paraissait imminente entre la France et l’Europe, la jeunesse de Pesth, qui prenait au sérieux notre enthousiasme du moment, faisait jouer la Marseillaise au théâtre national. Ce fait passa inaperçu : c’est pourtant la seule marque de sympathie que nous ayons reçue au delà du Rhin. C’était le temps où l’Allemagne, dans un accès de colère fort regrettable, chantait sur tous les tons la pastorale de M. Becker, qu’elle prenait bonnement pour un chant de guerre.

Ce que nous venons de dire des colléges réformés s’applique particulièrement à celui d’Enyed, qui est le meilleur et le plus nombreux de tous. Les protestants de Transylvanie regardent pour ainsi dire cette institution comme le palladium de la nationalité hongroise : aussi n’est-elle pas fort en faveur auprès du gouvernement. Il y règne une ardeur d’esprit, une liberté d’idées et de paroles qui n’est pas bien vue à Vienne, où l’on aime par dessus tout ce que l’on appelle, en style de chancellerie, les gens tranquilles.

Lorsqu’en 1834 l’opposition hongroise s’organisa sous l’impulsion du baron Wesselényi, un professeur