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avec une dextérité sans égale, quand ils veulent faire. Mais ils excellent particulièrement, comme musiciens, dans l’exécution des airs nationaux. « Guidés uniquement par leurs oreilles, et à l’aide de quelque exercice, ils parviennent à une promptitude et une vigueur d’exécution à laquelle des maîtres de l’art ne pourraient atteindre. Cette habileté leur assure la préférence dans les musiques de table, les festins de noces, et toutes les autres réunions où l’on cède à l’inspiration de la gaîté et à l’entraînement des mœurs nationales[1]. » D’ordinaire ils ne connaissent pas même les notes, mais l’instinct musical leur tient lieu de tout, et il n’y a vraiment que les Gitanes qui sachent jouer les mélodies magyares. La musique hongroise exprime des sentiments profonds et passionnés. Large, grave, triste même dans certains moments, elle veut des interprètes à la fois ardents et calmes, qui laissent toujours deviner la vivacité nationale dans les accents les plus mélancoliques. Cette vivacité éclate à son tour en phrases rapides et animées, qui commandent l’enthousiasme, et qui rendent merveilleusement bien tout ce que le caractère hongrois a de hardi, de brillant et de chaleureux. Les Gitanes traduisent quelquefois ces mélodies avec un sentiment et une verve incomparables. Leur

  1. Schwartner, Statistique du royaume de Hongrie, trad. par Wacken, Francfort-s.-M., 1813.