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quables par leur taille élancée, qui frappe encore plus sous le haillon.

Quant à leur religion, s’il leur plaît d’en avoir, les Gitanes embrassent sans difficulté celle qui est professée autour d’eux : ils sont ici catholiques, là grecs, et ailleurs réformés. On dit par ironie : « Je te souhaite autant de plaisirs que j’ai vu de tzigánys prêtres. » De préférence, ils choisissent la religion du seigneur, laquelle, suivant leurs idées aristocratiques, doit être la meilleure de toutes. C’est encore par suite de ces idées qu’ils se croient venus du même pays que les Hongrois. « Nos pères sont sortis d’Égypte avec Arpád », me disait sérieusement un Gitane qui affirmait avoir lu beaucoup. Ce mot incroyable m’étonna peu. Je trouvai naturel qu’il cherchât à s’adjuger le berceau du peuple hongrois, de la race victorieuse. C’était la seule patrie qu’il lui semblât décent d’adopter.

La langue que ces tribus ont apportée en Europe a dû s’altérer avec le temps. Un officier hongrois fait prisonnier dans les guerres de l’Empire, et amené en France, m’assura que les Gitanes qui faisaient partie de sa compagnie ne pouvaient comprendre les nôtres. On remarque qu’en Hongrie et en Transylvanie, leur langage a subi, suivant les localités, certaines modifications. Les Gitanes savent toujours la langue du peuple au milieu duquel ils se trouvent. Ceux qui habitent parmi les Saxons ont adopté des mots allemands,