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travers le toit, qui est recouvert de plantes sauvages, et des enfants, noirs et nus, jouent devant la porte. Si un cavalier passe, ils accourent, le poursuivent en demandant l’aumône, et accompagnent leur prière de cris étourdissants et de mille tours de force. Au bruit le père et la mère sortent de leur tanière, et les chiens mis en émoi poussent de longs hurlements. Ces Gitanes exercent le métier de cloutiers, de maréchaux, ou font des briques pour le compte du seigneur. C’est surtout alors qu’ils sont effrayants à voir quand ils rodent comme des spectres autour du foyer ardent.

Il y en a d’autres qui ne sont pas fixés ; ils errent à l’aventure, sans souci du lendemain, sans remords du délit commis la veille. Heureusement ils ne sont pas nombreux, car on les redoute. Ceux-là campent chaque soir dans les champs, autour d’un feu. Si on traverse les campagnes avant le lever du soleil, on les voit étendus par terre auprès de quelques lisons éteints ; à côté d’eux sont couchés deux ou trois porcs, et un maigre cheval qui transporte leur tente. Quand ils savent quelque métier, ils l’exercent dans les villages qu’ils rencontrent ou sur le bord des chemins. Le groupe de forgerons qui est ici représenté a été pris au daguerréotype sur la lisière d’un bois. Ils font encore des paniers ou taillent des cuillers de bois et des tekenyö. C’était jadis une profession très lucrative de dire la bonne aventure.