Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tent avec une adresse et une célérité surprenantes. Ils saisissent le tekenyö par les deux bouts, l’agitent doucement, laissent tomber l’eau, en reprennent encore, et la rejettent jusqu’au moment où ils voient briller l’or pur. Quelques instants suffisent pour laver une poignée de sable. C’est une de ces mille scènes inattendues que la Transylvanie offre sans cesse au voyageur, et l’étrange costume des Bohémiens, leur peau noire et leurs cheveux crépus, ajoutent encore a l’effet de ce spectacle extraordinaire, qui vous transporte aux rivages de l’Afrique.

Les Gitanes orpailleurs sont divisés en douze bandes de quatre-vingts, cent ou cent vingt individus. Chaque bande a un surveillant, lequel rend ses comptes à un directeur général, qui réside à Zalathna. Ils sont exempts des charges publiques, mais non des corvées dues au seigneur. Ces bandes n’ont pas de lieu fixe où elles doivent continuellement se tenir ; chaque Gitane lave le sable où il lui plaît, aujourd’hui dans une rivière, demain dans une autre, le plus souvent dans l’Aranyos. On lui délivre un permis en vertu duquel il va de côté et d’autre exercer son industrie. En retour, il doit donner tous les ans un pizète[1] de poussière d’or, qui lui est acheté 3 florins 40 kreutzers[2]. S’il est actif, il peut en retirer

  1. 5 grammes 2 décigrammes.
  2. 9 fr. 52 cent.