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que lui et ses compagnons eussent été affligés de ne pas boire à ma santé.

À quelques heures de Toroczkó, dont les montagnes donnent du fer, et à peu de distance de l’Aranyos, qui porte de l’or, se trouvent les salines de Maros Ujvár. Là, dit-on, les Romains avaient détourné la rivière, et on montre une éminence qu’ils avaient élevée pour contenir les eaux de la Maros. Une couche de sel s’étend sous la terre qui a neuf cent mètres de longueur et cinq cent cinquante de largeur. On a creusé de nos jours jusqu’à une profondeur de cent vingt mètres. Au bout de trois mètres on rencontre déjà le sel ; en me penchant sur les puits, je le voyais briller à quelques pas de moi. On assure que cent cinquante-deux mines de sel pourraient être ouvertes en Transylvanie. Six seulement sont exploitées, et nulle part elles ne sont si belles qu’à Maros Ujvár.

Rien de plus magique en effet que de parcourir, un flambeau à la main, ces rues souterraines. Au dessus de vous, à droite à gauche, partout c’est du sel, je devrais dire du marbre, qui réfléchit la flamme en gerbes éblouissantes de diamants. À mesure que l’on avance, le feu jaillit de toutes parts. On marche ainsi long-temps entre ces murs aux mille couleurs, qui semblent conduire à quelque palais enchanté : on monte, on descend de fragiles escaliers de bois suspendus sur des abymes retentissants, où chaque pas rend un son solennel, puis