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et pour ainsi dire le plan de la cité antique. La citadelle romaine était placée sur la colline appelée encore aujourd’hui Vár, « le fort ». On voyait à cette époque une porte demi-circulaire, formée de grosses pierres carrées sans ciment et surmontée d’une statue de Minerve. Szamosközi, qui écrivit en 1604 une description de Thorda, engageait ses concitoyens à la concorde, et leur montrait ce monument, que ni le temps ni les barbares n’avaient renversé. Rappelant le mot de Sénèque, qui compare la société à un édifice, ôtez la clef de la voûte, disait-il, l’édifice tombe : ôtez la concorde, la république s’écroule. « Et la prédiction fut accomplie. Cette porte, qui durant tant de siècles était restée debout, tomba d’elle-même en 1657, et sa chute, que personne ne sut empêcher, présagea la ruine prochaine de la Transylvanie[1]. »

Il y a près de Thorda une plaine que les Hongrois appellent le Champ croisé, Keresztes mezö. Quand les princes régnaient en Transylvanie, la milice nationale y campait et s’y exerçait à la guerre. Il n’y avait pas alors de troupes réglées, mais seulement une milice des campagnes qui était placée sous le commandement du premier capitaine de la cour. Lorsque la guerre était déclarée, le generalis campestris militiœ ou tout autre seigneur recevait le titre de généralissime, dans une céré-

  1. Wolffgangi de Bethlen historiarum liber VIII.