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un gouvernement détesté, à un souverain sans génie ni grandeur. Mémorable enseignement, qui montre une fois de plus que la persévérance, la concorde, sont les éléments indispensables du succès, et que les efforts héroïques d’un moment ne suffisent pas pour faire de grandes choses. Personnellement inférieur à chacun de ses adversaires, l’empereur Léopold, qui avait pour devise Consilio et industria, sut l’emporter sur tous. Ses propres troupes n’étaient ni assez nombreuses ni assez aguerries pour se mesurer avec les Hongrois ; il se fit secourir par les soldats de l’Allemagne. Conduites par des généraux étrangers, Louis de Bade, Montécuculli, le prince Eugène, ces troupes étrangères affermirent la puissance de l’empereur.

Léopold savait que la soumission des Hongrois ne serait entière que si la Transylvanie était réunie à la monarchie autrichienne ; aussi chercha-t-il à étendre sa domination sur cette principauté. Il attendait le moment où les États auraient à choisir un nouveau prince, afin de faire valoir ses prétentions. Pour mettre le pays à l’abri des influences étrangères, Teleki résolut de désigner le jeune fils d’Apaffi aux suffrages de la Diète, du vivant même du prince. Lorsque le Grand-Seigneur somma Michel Apaffi de suivre l’armée ottomane qui se dirigeait sur Vienne, le premier ministre représenta aux États que les chances de la guerre étaient dangereuses, et que, pour veiller au salut de la patrie, il convenait,