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enchantait les Transylvains. Ils reconnaissaient en lui plusieurs qualités hongroises ; aussi lui pardonnèrent-ils jusqu’à la franchise un peu vive avec laquelle il apostropha le chef des mécontents, qui n’était pas assez vite accouru à son poste. Il pensa toutefois compromettre le succès des négociations un jour qu’il s’était abandonné à un accès de galanterie française. Il dînait chez la baronne Kapy, l’une des plus belles femmes, disait-on, qui fussent à la cour, et, pour exprimer convenablement son admiration, il s’écria qu’elle était la reine de la Transylvanie. Ce mot fut rapporté à la princesse Apaffi, qui prétendait seule à la souveraineté, et crut voir une atteinte portée à ses droits. Il fallut toute la grâce de M. de Forval pour la désarmer.

L’abbé Révérend avait la finesse, le tact et la prudence d’un diplomate consommé. Il s’adressait aux esprits froids et calculateurs, et se chargeait de convaincre non l’épouse du prince, mais le prince lui-même, ou plutôt son ministre. Du reste, aimable et gai compagnon, il finit par prendre en grande affection ce bon pays de Transylvanie, où l’on trouvait toujours riants visages, beaux chevaux, et excellente chère. Il avait, pour arriver à ses fins, des expédients qui n’étaient qu’à lui. Un jour, Apaffi avait refusé de lui accorder une audience : il s’était cependant promis d’arriver jusqu’à la personne du prince, qu’il avait un pressant besoin de voir. Le refus était si formel, que tout autre que l’abbé Révérend eût