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porter défi à l’islamisme. À partir de Soliman, le caractère de la puissance ottomane se modifie. Les Turcs prennent part aux affaires du continent ; ils se laissent guider moins par un fanatisme aveugle que par le calcul et la politique. Leur empire compte entre les états de l’Europe, et les rois de France recherchent leur alliance. Dès lors la mission des Hongrois est terminée. Les guerres qui ensanglantent la Hongrie ne sont plus motivées que par l’ambition personnelle des empereurs et des sultans, qui se disputent le sol ; et l’on comprend qu’après s’être placés sous la protection des empereurs pour échapper à la domination de la Porte, les Hongrois, trompés dans leurs espérances et accablés par l’Autriche, aient pu, en se révoltant, accepter les secours des Turcs, comme ils acceptaient ceux de Louis XIV.

Lorsque Emeric Tököli chercha un refuge en Transylvanie, il se mit tout d’abord sous la protection du Grand-Seigncur, et lui paya tribut. Ceci conclu, il résolut de gagner les conseillers d’Apaffi, et ne trouva pas de plus sur moyen que de captiver l’intérêt des femmes. Il obtint du premier ministre la main de sa fille, et des fiançailles furent célébrées, qui scellèrent l’alliance des Transylvains et des mécontents de Hongrie. Apaffi demanda au sultan un corps d’auxiliaires dans le but de déclarer la guerre à l’Autriche. Sur le refus de la Porte, il s’adressa à Sobieski, roi de Pologne ; mais celui-ci, qui venait de signer la paix avec l’empereur,