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gnée d’hommes contre deux armées turques. Trois ans avant sa mort, la Diète, sommée par le Grand-Seigneur de choisir un prince, avait élu François Rédei, homme d’un caractère doux et pacifique, qui s’estima heureux, après trois mois de règne, de se retirer en Hongrie. Les Turcs lui donnèrent pour successeur Barcsai. Celui-ci n’était pas plus capable de tenir les rênes du gouvernement, et son inertie favorisa l’ambition de Jean Kemény, qui se fit choisir à sa place. Barcsai ayant été égorgé par les partisans de son rival, les Turcs, pour mettre un terme à ces divisions, élevèrent au trône un gentilhomme qui habitait par hasard près de leur camp. Ce gentilhomme, qui n’accepta les honneurs de la principauté que parce qu’il y fut contraint, se nommait Michel Apaffi. Malgré ses protestations, le pacha lui remit le sceptre et la pelisse d’honneur, et, pour lui donner en même temps le pouvoir, tua Kemény dans une bataille sanglante, et reprit sur les rebelles toutes les places du pays (1061).

Apaffi était né pour vivre dans la retraite. Hors d’état de faire face lui-même aux circonstances, il eut du moins l’esprit de confier l’autorité à un ministre qui en était digne. Michel Teleki, élevé à la cour de Georges I Rákótzi, avait rempli auprès de Georges II les fonctions de capitaine des gardes. Admis dans les conseils d’Apaffi, il se fit remarquer par son patriotisme et la sûreté de son jugement. Le prince le nomma commandant de ses meilleures forteresses, administrateur de plusieurs