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coutume turque. On comptait parmi ceux-ci François Kendi, le dernier de son nom, puissant seigneur qu’on avait arrêté à Kendi Lóna, tandis qu’il sommeillait sous un arbre qui se voit encore, et Jean Bornemissza, qui s’était toujours montré vaillant capitaine et grand citoyen. Lorsqu’on vint le prévenir que sa dernière heure était sonnée, il entonna d’une voix forte un chant funèbre, après quoi il tendit la tête au bourreau (1594).

Deux autres Báthori gouvernèrent la principauté : André, qui fut en même temps cardinal, et dont nous raconterons plus loin la fin tragique, et Gabriel, prince habile et brave, mais que ses débauches et ses hostilités contre les Saxons rendirent odieux. Dès son avènement (1608), il faillit être assassiné par des magnats dont il avait insulté les femmes. Après une suite de guerres quelquefois heureuses, mais toujours désastreuses pour le pays, il fut égorgé par deux maris outragés. En lisant l’histoire des princes de Transylvanie, quand on voit passer tous ces personnages qui laissent une mémoire exécrée ou périssent de mort violente, on aime à rencontrer la figure de Gabriel Bethlen.

Dès l’âge de dix-sept ans, Bethlen avait passé sa jeunesse à guerroyer ; il s’était déclaré contre l’empereur Rodolphe lorsque celui-ci, invoquant le traité conclu avec Sigismond Báthori, réclama la possession de la Transylvanie. Moïse Székely, à la tête des Sicules, marcha au devant du général de l’empereur pour défendre