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dits de profession prenaient leurs habits pour voler plus sûrement. Aussi chaque ville fortifiée leur fermait-elle ses portes. Un général de l’empereur, Basta, fameux par ses cruautés, ayant un jour enlevé tous les bestiaux des paysans, ceux-ci furent contraints de s’atteler aux charrues. Encore aujourd’hui les montagnards de Transylvanie parlent des «voitures de Basta », Básta szekere.

Entre ces deux maux, l’oppression turque et l’oppression autrichienne, les Transylvains choisissaient le plus éloigné, celui qui ne pesait pas sur l’heure, et qui partant semblait le plus tolérable. Un jour, secondés par les Impériaux, ils résistaient aux Turcs ; une autre fois, avec l’aide des Turcs, ils chassaient les Impériaux. Si, d’un côté, l’empereur parvenait à obtenir du prince Sigismond Báthori la cession de la Transylvanie, si le pape envoyait l’évêque Malespina au cardinal André Báthori, revêtu de la dignité de prince, pour lui ordonner de se soumettre à Rodolphe II ; de l’autre, les mécontents de Hongrie, qui étaient en état de rébellion permanente, poussaient à la guerre contre les Impériaux, la France faisait alliance avec Gabriel Bethlen, et, pour mettre le pays à couvert de l’influence autrichienne, promettait de maintenir la couronne dans la famille de Rákotzi. Notez bien qu’il était de l’intérêt de la Porte, dont l’autorité ne fut jamais affermie, et de l’intérêt de l’Autriche, qui voulait établir la sienne, d’affaiblir ce mal-