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côté gauche, et le sabre, recourbé comme celui des Turcs, est enrichi de pierreries. Le caractère belliqueux et l’origine orientale des Hongrois se trahissent dans ce vêtement, qui est à la fois leste et splendide. Il n’a pas changé depuis mille ans que les Magyars se sont fixés en Europe, et il était connu de temps immémorial en Asie. On remarquera en effet que ce costume, tel que nous l’avons décrit, a quelque rapport avec celui que porte Priam, dans la mosaïque du 2e siècle que nous donnons plus loin.

L’habillement de la femme n’est pas moins significatif. Elle couvre de perles son corsage ; elle brode d’or le voile qu’elle attache par des agrafes de diamant à sa coiffe de velours, et à sa ceinture d’antiques bijoux. Mais le petit tablier de dentelles, et la gaze qui apparaît au haut du bras, pour figurer les manches relevées de la chemise, indiquent assez que c’est à elle à déployer de l’activité et à faire prospérer la maison pendant que son mari fait la guerre. Ces costumes sont aussi variés qu’éclatants, car chacun choisit ses couleurs. Les bottines, par exemple, ne sont pas seulement noires, mais jaunes, bleues, vertes et rouges. On peut facilement s’imaginer quel coup d’œil magnifique offrait cette brillante réunion d’hommes et de femmes ainsi parés, appartenant à une race que la nature a douée d’une mâle beauté, et exécutant au son d’une musique vive et accentuée d’expressives danses nationales.