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nèrent leur démission. La machine administrative s’arrêtait d’elle-même. Cette énergie inattendue que déployait audacieusement un petit pays inspira à la cour de Vienne des idées de modération. De leur côté, les libéraux, dont quelques uns avaient pensé à prendre en main l’épée de Rákótzi, comprirent qu’il n’y avait d’espoir pour eux qu’en restant sur un terrain légal ; et les Diètes de 1838 et de 1841, en prouvant d’une part que le cabinet autrichien était forcé de compter avec le sentiment national, ont montré de l’autre que l’expérience a porté ses fruits.

Les ennemis de Wesselényi lui ont reproché son impétuosité. Sans doute, si la perfection était un bien terrestre, il eût pu demander à la nature un peu plus de prudence. Mais il nous semble qu’on a mauvaise grâce à accuser de témérité un homme qui assumait sur sa tête la plus grande part du danger. D’ailleurs il n’eût pas fidèlement représenté son pays s’il n’eût mis dans ses paroles quelque peu de cet emportement qui s’était emparé des cœurs. L’excès même de son ardeur, qui entraîna ses partisans, établit entre les deux camps une ligne de démarcation profonde : amis et ennemis purent se compter dès les premiers instants de la lutte ; les demi-positions devinrent impossibles, ce qui n’était pas un médiocre avantage pour le parti libéral. Enfin, et ceci ne saurait trop se répéter, Wesselényi a imprimé au mouvement qu’il a dirigé un noble élan, un