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Jean.

Vous avez raison. Étourdissons-nous. (Il lui tend son verre.) Le remords est une fatigue inutile comme l’inquiétude. Le sage est fataliste. Allons à la dérive et buvons au destin. (Après avoir bu.) Du moët, ça ? c’est de l’eau de Seltz.

Roblot.

Vous êtes trop délicat.

Jean.

On ne saurait trop l’être, en pareille matière. À défaut du banquet de Platon, il me faut celui de Sardanapale ! Les dieux s’en vont…

Roblot.

C’est le moment de faire un dieu de son ventre.

Jean.

Vous l’avez dit !

Roblot.

Oui ; mais il y a les frais du culte, auxquels vous ne songez pas. Heureusement, j’y songe pour vous.

Jean.

Ne vous mettez pas martel en tête. Je me fie à mon étoile.

Roblot.

Elle commence à pâlir ! Vous avez liquidé en perte le mois dernier.

Jean.

Bah ! je me suis fait reporter ; je me rattraperai à la liquidation de juillet. Je reste à la hausse. Je ne crois pas à la guerre, ou, si elle éclate, je crois à la victoire.