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mais il me semble irréfutable ; il m’affermit dans mes convictions, il m’enlève. Oh ! la belle chose que l’éloquence ! J’étais né pour être orateur ; j’ai la voix et le geste, les dons qui ne s’acquièrent pas : le reste (Regardant le manuscrit.) s’acquiert. — Ce petit animal de Gérard ne finit pas de déjeuner. Je voudrais bien avoir la suite de mon discours… Je n’ai pas trop de temps pour l’apprendre d’ici à demain. Ne mangez plus à ma table, si cela vous humilie, mon bon ami, mais ne me volez pas une heure après chaque repas : mon temps est précieux. — Son grand amour d’indépendance, c’est le besoin de digérer en fumant, voilà tout. Il n’y a plus de société possible avec le cigare. Tout se tient : les mauvaises manières engendrent les mauvaises mœurs ; et, regardez-y de près, messieurs, vous reconnaîtrez que le chemin des révolutions est jonché du débris des convenances. Ne voilà-t-il pas que j’improvise, maintenant ?



Scène II

MARÉCHAL, MAXIMILIEN.
Maréchal.

Eh bien, jeune homme, déjeune-t-on mieux au restaurant que chez moi ? On y déjeune au moins plus longuement, sans reproche.

Maximilien.

Je n’ai plus que quelques pages de votre discours à copier, monsieur ; j’aurai fini dans une heure.