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ACTE TROISIÈME


La bibliothèque de Maréchal. — Une seule porte, au fond. — À gauche du public un petit bureau à casier, tournant le dos aux personnages. — Vers le milieu un peu à droite, un fauteuil et un guéridon.



Scène première

MARÉCHAL, seul, debout, au milieu derrière le fauteuil, comme à la tribune ; sur le guéridon, à côté de lui, est un verre d’eau ; il boit.

« Et, messieurs, soyez-en bien convaincus, la seule base solide dans l’ordre politique, comme dans l’ordre moral, c’est la foi ! Ce qu’il faut enseigner au peuple, ce ne sont pas les droits de l’homme, ce sont les droits de Dieu ; car les vérités dangereuses ne sont pas des vérités. L’institution divine de l’autorité, voilà le premier et le dernier mot de l’instruction primaire ! » (Descendant en scène son manuscrit à la main.) Là ! je possède imperturbablement ma première partie. Ce n’est pas sans peine ; j’ai la mémoire rétive comme tous les diables. C’est une faculté subalterne, la mémoire. — Décidément, je réciterai. Il est superbe, mon discours. Je voudrais bien savoir qui l’a fait, pour lui commander le suivant. Je ne sais pas s’il produira sur la Chambre le même effet que sur moi,