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Giboyer.

Vous sortez de la question, monsieur le marquis ; rentrons-y, s’il vous plaît. Voici mon dernier mot : je veux le même traitement que Déodat.

Le Marquis.

Et qui vous dit… ?

Giboyer.

Vous ne comptez pas me mettre dans votre police, n’est-ce pas ? Elle est faite par de plus grands que moi. À quoi donc puis-je vous servir, sinon à remplacer votre virtuose ? Vous avez pensé que la mauvaise honte ne m’arrêterait pas, et vous avez eu raison. Ma conscience n’a pas le droit de faire la prude. Mais, si vous avez cru m’avoir pour un morceau de pain, vous vous êtes trompé. Vous avez plus besoin de moi que je n’ai besoin de vous.

Le Marquis.

Oh ! oh ! voilà de la fatuité.

Giboyer.

Non, monsieur le marquis. Vous trouveriez peut-être un garnement de lettres aussi capable que moi de vider sur quiconque une écritoire empoisonnée ; mais l’inconvénient de ces auxiliaires-là, c’est qu’on n’est jamais sûr de les tenir. Or, moi, vous me tenez. C’est ce qui me met en posture de faire mes conditions.

Le Marquis.

Ce raisonnement biscornu me paraît sans réplique. Déodat avait mille francs par mois ; le comité voulait opérer une réduction sur ce chapitre ; mais je lui ferai valoir vos raisons.