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vous venez de perdre tout votre avantage. Vous autorisez des explications que je n’eusse jamais osé aborder de front et dont je sentais que j’avais grand besoin.

Annette.

Mais cela s’explique de soi ; après avoir vu mademoiselle Navarette, on ne peut s’étonner du goût que vous avez pour elle.

D’Estrigaud.

Certes, c’est une liaison si plausible, que personne n’a soupçonné qu’elle en cachait une autre.

Annette.

Une autre ?

D’Estrigaud.

Qui a duré cinq ans, avec une femme dont la situation exigeait les plus grands ménagements, et dont la réputation n’a pas été effleurée, grâce à ma pauvre Navarette.

Annette.

Cette dame s’accommodait du partage ?

D’Estrigaud.

Elle savait, à n’en pouvoir douter, que depuis longtemps Navarette n’est qu’une amie pour moi.

Annette.

Et mademoiselle Navarette acceptait ce rôle de paravent ?

D’Estrigaud.

Il a tant de compensations ! D’abord il lui laisse toute la liberté compatible avec les vraisemblances dont j’ai besoin ; ensuite il lui fait, dans son monde, une position