Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/301

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

garde, messieurs ! nous vivons dans un temps où la stérilité est une abdication. Au-dessous de vous, dans l’ombre et sans bruit, se prépare un nouveau tiers état qui vous remplacera par la force des choses, comme vos grands-pères ont remplacé la caste dont vous reprenez les errements, et ce sera justice ! (À Annette.) Eh bien, je ne veux pas que ton frère fasse plus longtemps partie de cette mascarade aristocratique ; je ne l’ai pas élevé pour cela.

Annette.

Mais quelle profession veux-tu qu’il embrasse… puisque cela s’appelle embrasser ?

Tenancier.

Il n’aurait que l’embarras du choix, ayant passé par l’École polytechnique…

Annette.

Justement ; il a fait ses preuves, et tu sais que quand on a fait ses preuves, on a le droit de refuser toutes les affaires.

Tenancier.

On n’a jamais le droit d’être inutile à son pays.

Lucien, étourdiment.

À la belle France !

Tenancier.

La belle France, oui, ta patrie !… — Ah ! ce vieux mot te fait sourire… Laisse ces petites ironies à ton ami d’Estrigaud.

Lucien.

Si tu prends toutes les blagues au sérieux !…