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de trop. Asseyons-nous ! (Il s’assied devant son bureau, Lucien sur une chaise en face de lui ; Annette reste debout.) Mon cher Lucien, je suis très mécontent de toi.

Annette.

Je demande la parole. Avant de gronder mon frère, laisse-moi développer une idée que j’ai. La cérémonie du payement des dettes nécessite une fois l’an, entre toi et ce garçon que tu adores, une froideur de deux ou trois jours, aussi désagréable pour l’un que pour l’autre… et, tiens, vous vous regardez déjà comme deux parents de faïence ! Supprimons cette solennité désobligeante. J’ai une combinaison financière qui te dispensera de payer ses dettes. Il est maintenant acquis que ses revenus personnels sont de vingt mille francs au-dessous de ses besoins ; fais-lui une pension de vingt mille francs, une fois pour toutes, et embrassons-nous.

Tenancier.

Ses dettes sont le moindre de mes griefs. Elles représentent à peu près le montant de mes économies annuelles ; puisqu’elles tombent dans la poche de ses créanciers, au lieu de grossir le capital partageable après moi, je l’avantage d’une somme égale dans ma succession : il n’en est que cela.

Annette.

C’est beaucoup trop !… mes enfants et moi, nous sommes assez riches d’autre part…

Tenancier.

Ce n’est pas la question. Ton frère a une allure générale qui ne me convient pas, et je veux le prier d’en changer.