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Scène IX

GIBOYER, MARÉCHAL.
Maréchal.

Qu’en pensez-vous, monsieur de Boyergi ?

Giboyer.

De quoi, monsieur ?

Maréchal.

Du choix qu’on fait d’un protestant pour débiter mon… votre… le discours ?

Giboyer.

Ces messieurs le regardent comme un hommage éclatant rendu à la vérité ; moi, je pense qu’il fournira un bel exorde à la réponse. (D’un ton oratoire.) Eh quoi ! messieurs, c’est un protestant que vous venez d’entendre ? Mais, s’il est sincère, la première chose qu’il ait à faire en sortant d’ici, c’est d’abjurer.

Maréchal.

C’est vrai ! Je vous demande un peu qu’est-ce que c’est qu’un protestant qui ne proteste pas ?

Giboyer.

Ce que c’est, messieurs ? C’est le plus grave symptôme d’indifférence religieuse qu’ait encore donné notre époque ! Vous êtes plus avant que nous-mêmes dans la religion philosophique. Le choix de votre orateur est un aveu : le moyen âge est mort, et c’est vous qui posez la