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espérance, qu’il était amoureux d’une jeune fille du faubourg Saint-Germain.

Charrier.

J’espère que tu ne t’es pas permis de la tirer d’erreur sans me consulter ?

Henri.

Non.

Charrier.

Eh bien, laissons les choses comme elles sont. Tu as tranché dans sa racine un amour qui n’était encore qu’un bobo et qui aurait pu devenir un mal sérieux : la douleur est passée, ta sœur n’y songe plus, elle trouve un parti magnifique ; tout est donc pour le mieux. Vernouillet peut m’être très utile ou très nuisible, entends-tu ? Tu m’as vu tout prêt à rompre avec lui quand j’ai cru que ta sœur avait une inclination raisonnable ; maintenant que cette rupture ne la conduirait à rien, tu trouveras bon que je n’en brave pas les conséquences de gaieté de cœur, et je te prie très sérieusement de ne pas m’y exposer.

Henri.

Prends garde, cher père ; tu n’es pas de bonne foi avec toi-même.

Charrier.

Quoi ! Qu’est-ce à dire ?

Henri.

Oui, tu fais des capitulations de conscience. Tu te persuades que tu ne veux pas de Sergine pour te dispenser de rompre avec Vernouillet, dont tu ne redoutes rien, quoi que tu en dises, mais dont tu attends la pairie.