Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/417

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Henri.

En effet, c’est un de mes amis.

Vernouillet.

Il m’est recommandé ; on m’a raconté qu’il donne des leçons de piano pour soutenir sa famille. C’est très intéressant, mais ce n’est pas assez. A-t-il du talent ?

Henri.

Beaucoup. Il a écrit un magnifique opéra sur un libretto dont l’auteur est aussi pauvre et aussi obscur que lui-même, et il se ronge les poings sur ce chef-d’œuvre qui n’obtient pas même d’audition.

Vernouillet.

C’est bien ; votre recommandation me suffit. Je ferai entendre sa musique chez moi, et j’inviterai le directeur de l’Opéra.

Henri.

Ma foi, vous ferez là une bonne action.

Vernouillet.

On le jouera, je vous en réponds. Si le directeur ne veut pas s’exécuter à l’amiable, je le ferai mettre en demeure par le feuilleton.

Henri.

D’autant plus qu’il y a de bonnes choses à lui dire.

Vernouillet, lui prenant le bras.

Voulez-vous faire l’article vous-même ?

Henri.

Ce n’est pas mon état ; mais enfin, de deux choses l’une : ou l’Opéra n’est pas une institution nationale, et