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Henri.

Assieds-toi.

Il la conduit au canapé à droite.
Clémence.

Quelle chaleur dans ce salon ! J’ai cru que j’allais me trouver mal.

Henri, à part.

Pauvre petite !

Clémence.

Ce n’était qu’un étourdissement. Voilà qu’il passe.

Henri.

Veux-tu que je te ramène à la maison ?

Clémence, avec une gaieté forcée.

Non, je m’amuse beaucoup ; le bal est charmant.

Henri.

Tu ne me donnes pas le change, ma pauvre Clémence. Tu as beau te bassiner les yeux avec de l’eau fraîche, je vois bien que tu as pleuré.

Clémence, sérieuse.

Qui te dit que je ne veuille pas me donner le change à moi-même ? Je ne suis pas une enfant gâtée, mon cher Henri ; j’ai beaucoup réfléchi depuis quelques jours, et j’ai compris que je n’ai pas le droit de me consacrer à ma tristesse. Si nous étions orphelins, ce serait différent ; je me tiendrais pour veuve ; je te demanderais de te marier le plus tôt possible et de recueillir chez toi le deuil de mes espérances. Mais je ne peux pas faire ce chagrin-là à notre pauvre père ; mes rêves évanouis ne doivent