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velles, mon gaillard ! Il paraît que vous vous conduisez avec le ministère comme un homme de Plutarque !

Vernouillet.

J’ai déchiré le pacte de servitude, voilà tout.

Le Marquis.

C’est très fort, mon cher, c’est très fort. Jusqu’ici on ne connaissait que deux sortes de presse, la presse indépendante et la presse vénale ; l’une pauvre, l’autre discréditée : vous en créez une troisième qui réunit les avantages des deux autres sans leurs inconvénients.

Vernouillet.

Quoi ! vous supposez… ?

Le Marquis.

Ne jouez donc pas au fin avec moi ; je ne suis pas bégueule, et j’admire le génie partout où je le rencontre. C’était, en apparence, un problème insoluble qu’un journal à la fois indépendant et vénal ; vous l’avez résolu du premier coup ; vous avez vu avec le coup d’œil de l’aigle, qu’il s’agissait tout simplement de retourner la spéculation, et de vendre au public votre influence sur le gouvernement, au lieu de vendre au gouvernement votre influence sur le public.

Vernouillet.

Je ne comprends pas.

Le Marquis.

Voyons, n’avez-vous pas vendu ce matin même la question du libre échange ?

Vernouillet.

D’où savez-vous ?…