Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/358

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vernouillet.

Eh bien ! madame, c’est toute mon histoire. J’aime, voilà le secret de mon ambition.

La Marquise.

Et vous êtes aimé sans doute ?

Vernouillet.

Non. Par une bizarrerie de mon caractère, celle que j’aime ne me connaît pas encore.

La Marquise.

Vraiment ?

Vernouillet.

Je ne voulais pas me présenter tant que je pouvais être pris pour un coureur de dot.

La Marquise.

Mais si vous ne lui avez jamais parlé, comment l’avez-vous aimée ?

Vernouillet.

En la voyant faire l’aumône… avec quelle grâce de cœur, je ne saurais vous le dire. C’était à une pauvre femme qui tenait dans ses bras un enfant demi-nu. Je glissai mon humble bourse dans la main de la mère, j’embrassai l’enfant et je suivis la jeune fille. — Mais je vous ennuie.

La Marquise.

Au contraire, continuez.

Vernouillet.

Elle entra dans un hôtel de la Chaussée-d’Antin, au coin de la rue de la Victoire.