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Sergine.

Le lien n’en subsiste pas moins. La marquise n’est pas une femme que j’aie rencontrée libre et qui n’ait rien eu à sacrifier pour se donner à moi.

Henri.

Comment ?

Sergine.

Après ton ouverture fraternelle, je te dois toute la vérité. Mon intimité avec la marquise est antérieure à sa séparation ; elle en est la seule cause.

Henri.

Bah !

Sergine.

Le marquis avait des soupçons depuis quelque temps : il surveilla, et bientôt il eut des preuves.

Henri.

Et il ne t’a pas tué, ce bretteur ?

Sergine.

Il fit mieux. — Il entra chez moi un matin, très pâle et vieilli de dix ans. « Monsieur, me dit-il, vous êtes l’amant de ma nièce ; ne niez pas ! Je ne peux pas vous tuer sans déshonorer une d’Auberive ; c’est ce qui vous sauve la vie. J’ai droit de disposer de vous : partez et faites un voyage de trois mois. » C’est alors que j’allai à Florence où je te rencontrai. À mon retour la marquise était séparée de son mari ; il lui avait manqué devant témoins, et avait exigé qu’elle lui intentât un procès en séparation. L’honneur était sauf.