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La Palude.

Moi, vous mépriser… mon cher Michel, mon ami, mon sauveur !

Michel.

Oh ! monsieur le baron…

La Palude.

Appelez-moi La Palude tout court, je vous en prie.

Michel.

Eh bien, mon cher Alfred, voici la chose… Je ne crains pas d’indiscrétion. Le raisonnement a conduit Pierre à conclure que le gaz carbonique, cette substance invisible et intangible, devait se liquéfier par la compression. Vous ne vous en seriez pas douté… ni moi non plus. Nous avons fait construire ce cylindre de fonte, qui se ferme avec une clef à vis graissée de suif. (Ils s’approchent de l’appareil.) Nous le remplissons aux deux tiers d’un mélange d’eau et de bicarbonate de soude pulvérisé, que nous combinons avec de l’acide sulfurique par un mouvement d’oscillation graduelle imprimé à l’appareil.

La Palude.

Il doit, en effet, se dégager une quantité de gaz effroyable.

Michel.

Qui, s’entassant dans le petit espace resté vide, arrive à une pression de quatre cents atmosphères. L’opération est très simple et dure en tout sept minutes.

La Palude.

Très simple… mais très dangereuse ! Quatre cents atmosphères ! Il n’en faut que dix pour faire marcher les chemins de fer. C’est horriblement dangereux.