Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pingoley.

À moi, comte, deux mots. De quel air de Cid vous me dites cela ?

La Palude.

Si je suis de trop.

Pingoley.

Tu t’en iras.

Pierre.

Non ; ce que j’ai à dire n’a rien de secret. Je suis votre obligé, monsieur ; vous m’avez marié, et, dans le monde où vous m’avez introduit, vous êtes le seul en qui j’aie trouvé de la bienveillance ; mais le service même que vous avez voulu me rendre, m’a créé des devoirs qui prennent le pas sur la reconnaissance. Le premier est de veiller de près à la considération de ma nouvelle famille. Or, depuis six mois, vous faites à madame Bernier une cour si assidue, qu’elle aurait abouti si elle devait aboutir : mais madame Bernier déclarait encore hier qu’elle ne voulait pas se remarier ; elle le déclare partout et tout haut, et devant cette intimité dont le seul but avoué est de ne pas s’épouser, vous concevez que le monde commence à gloser.

Pingoley, regardant La Palude.

À glousser, vous voulez dire.

Pierre.

Un pareil état de choses ne peut pas se prolonger sans préjudice pour la réputation de ma belle-mère et la mienne. J’en appelle à vous-même : si votre meilleur ami vous mettait à son insu dans la position où je me trouve, ne prendriez-vous pas votre courage à deux mains pour le prier de suspendre des visites, dont le