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Michel.

Mais, saprelotte ! si on te refuse le droit au travail ?…

Pierre.

On ne me te refuse pas ! Madame Bernier ne me fournit jamais le moindre prétexte de révolte. Par exemple, en ce moment, elle a un procès qui la forcerait à aller en Touraine, si je n’étais pas là ; évidemment, je dois lui épargner cette corvée.

Michel.

Sans doute.

Pierre.

Voilà trois semaines de perdues. Ensuite nous partons pour l’Italie, un voyage arrête dès avant le mariage, une fête que Clémentine se promet depuis dix ans. Je n’ai encore rien à objecter, d’autant plus qu’on me leurre au retour de six mois de liberté à la campagne.

Michel.

Si toutefois elles ne transportent pas la ville aux champs… trois toilettes par jour et les feux de Bengale !

Pierre.

Oh ! je me doute bien qu’elles ont une façon à elles de comprendre la nature, et qu’il n’y aura de changé pour moi que la manière de perdre mon temps. Mais que veux-tu que j’y fasse ? Puis-je exiger qu’elles ne jouissent pas de leur opulence ? Madame Bernier m’a dit un mot très juste : j’aurais dû épouser une petite bourgeoise élevée au quatrième étage… j’ai épousé une femme riche, je ne m’appartiens plus ; j’appartiens à sa fortune.

Michel.

Pauvre garçon ! pauvre garçon !