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Madame Bernier.

Celui-là est presque une clause de votre contrat ! Ma fille y tient au delà de toute vraisemblance, et nous ne pouvons pas voyager seules peut-être ?

Pierre.

Sans doute, madame… mais quand nous renverrions à un an…

Madame Bernier.

Que les hommes sont imprévoyants ! Pourrons-nous quitter Paris l’an prochain ? J’espère bien que non. Profitons vite du temps où je ne suis pas grand’mère. Voyons, ne faites pas la moue !… Vous n’êtes pas bien à plaindre de faire un voyage charmant.

Pierre.

Ah ! madame, vous ne connaissez pas la tyrannie d’une idée.

Madame Bernier.

Bah ! votre tyran n’est pas aussi despote que vous croyez. Il vous a laissé bien tranquille depuis votre mariage, soit dit sans reproche.

Pierre.

Mais depuis mon mariage, je n’ai pas eu un jour à moi ! les bals, les dîners, les visites, que sais-je ? Quand aurais-je travaillé ?

Madame Bernier.

Mais, mon cher, on travaille à ses moments perdus, une heure par-ci, dix minutes par-là… et je vous assure qu’à ce régime on abat bien de la besogne ; tenez, voici un pouf que j’ai brodé pour M. de La Palude avec cette