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Et celle qui vous pousse à pareille action
A, quelle qu’elle soit, mon admiration.

Gabrielle, bas à Stéphane.

Dites la vérité, sa louange me tue.

Stéphane.

Votre éloge se trompe et je le restitue :
Je ne pars pas seul.

Julien, à part.

Je ne pars pas seul.Dieu ! — Tais-toi, cœur frémissant !
Il sera toujours temps de répandre du sang.

Gabrielle.

Vous méprisez beaucoup cette femme ?

Julien, passant au milieu.

Vous méprisez beaucoup cette femme ? Au contraire.
Quand d’un amour funeste il n’a pu se distraire,
C’est un cœur bien placé qui seul peut consentir
À se perdre a jamais plutôt que de mentir.
D’ailleurs, à mon avis, l’adultère est un crime
Grotesquement ignoble à moins d’être sublime,
Comme un fleuve fangeux qui se change en égout,
Si dans sa véhémence il n’entraîne pas tout.

Stéphane.

Ainsi, vous approuvez… cette femme ?

Julien.

Ainsi, vous approuvez… cette femme ? Oui, sans doute,
Puisqu’elle ne peut plus tenir la bonne route.
— A-t-elle des enfants ?

Stéphane, hésitant.

A-t-elle des enfants ? Elle en a.