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Gabrielle, indiquant la console.

Que cherchez-vous ? Mon code.Il est dans ce tiroir.

Julien.

C’est donc un parti pris dont tu ne peux démordre,
De me déranger tout pour y mettre de l’ordre ?
Ma mère avait aussi cette démangeaison,
De serrer mes effets lorsque j’étais garçon ;
Et je n’ai pu jamais obtenir de sa grâce
Qu’elle laissât un peu mon pêle-mêle en place.

Gabrielle.

N’apportez pas ici vos vilains livres gras,
Et chez vous, je vous jure, on n’y touchera pas.

Julien, se levant.

Ceci, ma chère enfant, prête à la parabole.
Ce livre gras fait honte à ton salon frivole ;
Ton meuble est peu flatté de frayer avec lui,
Et le reléguerait volontiers à l’étui.
Regarde-le pourtant ce livre qu’on rudoie :
C’est parce qu’il est gras que ton meuble est de soie.

Gabrielle, se levant.

Le sens de l’apologue ?

Julien.

Le sens de l’apologue ? Il est un peu lointain.
Je suis sentencieux comme un Turc, ce matin !
Embrasse-moi, ma chère.
Embrasse-moi, ma chèIl l’embrasse.
Embrasse-moi, ma chère.À tout prendre, le livre
Est encor trop heureux s’il peut te faire vivre.

Gabrielle.

Est-ce un reproche ?