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troncs coupés, fendus et mis en cordes[1] au-devant de la cabane. Vers le soir, on allume un grand feu au bord de l’eau ; bientôt un steamer passe et demande à acheter le bois dont le produit ne laisse pas que d’ajouter à leur bien-être, pour le reste de l’hiver.

Ce premier fruit de leur industrie leur donne un nouveau courage ; ils redoublent d’ardeur, et quand revient le printemps, les choses ont pris une tournure bien différente : venaison, viande d’ours, dindons sauvages, oies, canards, et de temps en temps un peu de poisson, ont contribué à les soutenir ; et dans le champ maintenant élargi, on sème du blé, des citrouilles, et l’on fait force pommes de terre. Leur bétail commence à s’accroître ; le steamer, qui s’arrête de préférence en cet endroit, leur achète tantôt un petit cochon, tantôt un veau, avec tout leur bois ; les provisions se trouvent renouvelées, et dans leur cœur pénètre un plus vif rayon d’espérance.

Quel est celui des colons du Mississipi qui ne puisse réaliser de pareils bénéfices ? Aucun, assurément, pourvu qu’il sache s’aider soi-même ; et au retour des mois d’automne, les voilà déjà mieux préparés pour tenir tête aux fièvres qui vont sévir. Ils ont, pour en repousser les attaques, nourriture substantielle, habits confortables et un bon feu. Laissez passer encore une année, et la famille sera acclimatée tout à fait.

En attendant, les deux garçons ne perdent pas leur

  1. La corde, comme mesure pour le bois, est un terme encore usité chez nous, par exemple, en Normandie.