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Maintenant, ne pensons plus qu’à parler des divertissements encore aujourd’hui en vogue dans cette heureuse partie des États-Unis.

Il y a, dans le Kentucky, des individus que, même chez nous, on considère comme étant d’une habileté vraiment extraordinaire au tir de la carabine : enfoncer un clou n’est qu’une bagatelle pour mes adroits concitoyens, ainsi qu’abattre la tête d’un dindon sauvage, à la distance de cent pas. Mais ce qui est plus fort, il y en a qui enlèvent l’écorce sous un écureuil, et cela autant de fois de suite qu’il leur plaît ; d’autres qui, moins acharnés après le gibier, mouchent, dans les ténèbres, une chandelle à cinquante pas, du premier coup, et sans l’éteindre ; je me suis laissé dire qu’il s’en était trouvé plusieurs, si sûrs d’eux-mêmes et d’un tel sang-froid, qu’à une distance étonnante, ils avaient pu d’avance désigner celui des deux yeux de leur ennemi auquel ils destinaient leur balle ; et qu’en effet, après examen de la tête, on avait reconnu qu’elle avait frappé juste.

J’ai résidé plusieurs années dans le Kentucky, et témoin très souvent de ces exercices à la carabine, je veux vous présenter le résultat de mes observations ; vous laissant juger vous-même jusqu’à quel point les tireurs de cet État méritent leur réputation.

Il arrive fréquemment que plusieurs individus qui se savent experts dans ce genre d’amusement, se réunissent pour faire montre de leur adresse. On engage une petite somme, et l’on plante un bouclier au centre duquel est enfoncé, jusqu’aux deux tiers environ, un