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sein de ces forêts, où ne se voyait encore aucune trace d’homme, ils s’ouvraient un passage vers la terre d’abondance. De temps à autre une escarmouche éclatait entre eux et les Indiens qui, quelquefois sans être aperçus, pénétraient en rampant jusque dans l’intérieur du camp ; mais les Virginiens n’en continuaient pas moins résolûment leur voyage vers les horizons de l’ouest. Enfin les divers groupes arrivaient en vue de l’Ohio. Là, frappés de la beauté de ces sites incomparables, ils se mettaient tous ensemble à déblayer le terrain, dans l’intention d’y fonder un établissement qu’ils ne quitteraient plus.

D’autres, surchargés de bagages, préférèrent descendre le cours même de la rivière. Ils s’étaient construit des arches percées de sabords, et se laissèrent doucement glisser au gré des ondes, plus exposés cependant que ceux qui marchaient par terre aux attaques des Indiens, qui épiaient tous leurs mouvements.

On ne manque pas de voyageurs qui vous donnent la description de ces bateaux appelés anciennement arches et connus maintenant sous le nom de prames[1]. Mais vous ont-ils dit, cher lecteur, que dans ce temps un bateau long de trente ou quarante pieds, sur dix ou douze de large, était considéré comme une construction gigantesque ; que ce bateau contenait hommes, femmes et enfants, tous pêle-mêle, avec les chevaux, le bétail, les cochons, les volailles, les tas de légumes, les sacs de grain, etc. ; le toit, ou plutôt le pont ne

  1. Flat-boat, bateau plat.