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semaines, les jeunes vautours paraissent gros pour leur âge, et pèsent plus d’une livre, mais ils sont extrêmement gauches et engourdis. Ils peuvent alors lever leurs ailes encore en partie recouvertes de gros tuyaux ; ils les traînent presque toujours par terre, et toute leur force se porte sur leurs longues jambes et sur leurs pieds.

Qu’un étranger ou un ennemi s’approche d’eux à ce moment, ils se mettent à siffler, et font comme un renard ou un chat qui s’étrangle ; puis ils se gonflent et sautent de côté et d’autre, aussi lestement qu’ils le peuvent. C’est également ce que font les parents, si on les inquiète tandis qu’ils couvent ; ils s’envolent seulement à quelques pas, et attendent le départ de celui qui les trouble, pour se remettre à leur devoir. Quand les jeunes sont devenus plus forts, le père et la mère se contentent de jeter la nourriture devant eux ; mais, malgré tout le mouvement qu’ils se donnent, ils parviennent rarement à pousser aux champs leur stupide progéniture.

Le nid devient si fétide avant que ceux-ci l’aient définitivement abandonné, que si l’on était contraint de demeurer auprès seulement une demi-heure, on courrait risque d’être suffoqué.

J’ai souvent entendu dire que le même couple n’abandonne jamais son premier nid, à moins qu’il n’ait été mis en pièces durant l’incubation. Mais ce fait, s’il était vrai, prouverait chez le vautour une constance d’affection dont je ne le crois pas capable. De même, je ne crois pas que l’appariage, tel que je l’ai décrit, se pro-