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tement pris d’une affection spasmodique qui alarma beaucoup ma famille et m’abattit complétement pendant plusieurs jours. Mais, avec l’aide de Dieu et les soins continuels de mes excellents amis les docteurs Parkman, Shattuck et Warren, je fus bientôt rendu à la santé et remis en état de poursuivre mes travaux. Le dessin de cet aigle me prit quatorze jours ; jamais je n’avais travaillé de cette force, si ce n’est quand il s’était agi de représenter le dindon sauvage.

L’aigle doré ne quitte pas les États-Unis, mais on ne l’y rencontre que par hasard, et il est rare que la même personne en voie plus d’un couple ou deux par an, à moins qu’on n’habite soi-même les montagnes ou les vastes plaines qui s’étendent à leur base. J’en ai vu quelques-uns voler le long des rivages de l’Hudson, ou vers les plus hautes parties du Mississipi ; d’autres, sur les Alleghanys, et, une fois, deux ensemble dans l’État du Maine. Au Labrador, nous en aperçûmes un qui planait à quelques pieds seulement de la surface moussue d’affreux rochers.

Son aile est douée d’une grande puissance, sans avoir la rapidité de celle du faucon, ni même de l’aigle à tête blanche. Il ne peut pas, comme ce dernier, poursuivre et atteindre, à bout de vol, la proie qu’il convoite, et il est obligé de plonger d’une certaine hauteur à travers les airs, pour assurer le succès de son entreprise. Mais son œil perçant supplée bien à ce défaut, en lui permettant d’épier à une distance considérable les oiseaux dont il veut faire ses victimes ; et presque jamais il ne les manque, lorsqu’avec la rapidité