Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mable sous le toit duquel nous avions trouvé l’abri ne dépassait pas, à eux deux, la quarantaine. On voyait bien qu’ils n’étaient pas riches et n’avaient qu’à peine pour se suffire à eux-mêmes ; mais la générosité de leurs jeunes cœurs était sans bornes. La cabane, nouvellement bâtie, avait été construite de troncs de tulipier soigneusement rabotés et polis : tout y respirait la plus grande propreté ; même les grossières pièces de bois qui formaient le plancher paraissaient tout récemment lavées et séchées. Plusieurs robes et jupons d’une étoffe commune, mais solide, étaient pendus aux poutres, d’un côté de la cabane, tandis que l’autre était couvert de vêtements et d’effets à l’usage d’un homme. Un grand rouet avec des rouleaux de laine et de coton occupait l’un des coins ; dans l’autre, se dressait un petit buffet contenant la modeste batterie de cuisine, en plats neufs, verres, assiettes et autres ustensiles d’étain. La table n’était pas grande non plus, mais toute neuve et aussi polie, aussi luisante que peut l’être du noyer. Le seul lit que je vis était entièrement l’œuvre de l’industrie domestique, et la courte-pointe montrait suffisamment combien la jeune épouse était habile à manier la navette et le fuseau. Une belle carabine ornait le manteau de la cheminée, et le devant du feu était de telles dimensions, qu’on eût dit qu’il avait été disposé tout exprès pour y ménager place à la nombreuse lignée que semblait promettre cette heureuse union.

Le jeune noir s’occupait à moudre du café ; le pain fut pétri des belles mains de l’épouse, et placé à mesure, pour la cuisson, sur une plaque au-devant du